Je n'avais pas encore pris conscience dans l'exercice de mon métier d'Hypnothérapeute que l'on pouvait devenir addicte à l'agoisse et au stress. ça n'est pas avec mes patients que je l'ai découvert mais en observant le comportement d'un certain nombre de mes amis. Depuis des d'années, lors de nos rencontres,  les sujets de discussion dérivaient sur les faits de société qui les contrarient, et l'atmosphère devenait pesante. Déformation professionnelle, j'aime voir les gens détendus, surtout mes amis, alors à chaque fois je leur disais que nous étions d'accord et sentions tous que cette société dérive, mais qu'il n'était pas nécessaire d'en parler plus au risque de "se mettre la rate au court-bouillon". Sur le coup, ils étaient d'accord et passaient à des sujets plus légers, drôles ou intéressants. Pourtant le même scénario se reproduisait sans cesse. Être conscient et rester attentif suffit pour rester éveillé, reparler sans cesse des maux de ce monde ne fait qu'activer les processus mentaux qui mènent à la déprime. En observant mieux, j'ai constaté que lorsque des contrariétés survenaient dans leur vie, le phénomène de répétition de ces processus s'amplifiait. Etrangement, ça semblait leur faire du bien, comme s'ils vidaient un sac intérieur trop plein de pensées négatives en étant dans la critique de ce qui leur est extérieur. ça n'est qu'une impression car en réalité, il ne font qu'augmenter le poids qu'ils portent.

Vous connaissez sans doute le dicton "ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse". C'est exactement le même schéma mental qui fait qu'on va critiquer ce qui est à l'extérieur quand on devrait s'occuper de quelque chose qui vibre mal en nous. Huit de mes amis ont accepté de se prêter à une expérience que je leur ai proposée. Sans renter précisément dans les détails de la méthode, cela consistait, durant 3 jours,  à devenir conscient de chacune des fois où 'ils étaient dans d'âpres discussions sur les injustices de ce monde et à repérer les émotions négatives  que cela peut entrainer (angoisse, colère, peur, abattement, stress...). Puis à immédiatement se poser des questions (avec ces émotions, dans quel état je suis ? y a-t-il, avec cet état et ces émotions des ressentis particuliers dans mon corps ? et avec tout ça est ce que je peux dire que ça me dynamise ?). L'expérience fut intéressante car, à des degrés différents pour chacun, nous avons ensemble conclus à plus de détachement, plus d'envie de bouger, de sortir, des ressentis de calme intérieur et surtout beaucoup moins de temps de passer sur les réseaux sociaux et autres sources d'information? 3 ont même repris des bouquins , quatre ont repris une activité physique régulière. La cerise sur le gateau c'est que tous ont prolongé l'expérience d'eux même ... ils venaient de se rendre compte qu'ils étaient sortis d'une addiction qui leur permettait de fuir leurs propre angoisse et leur stress.